dimanche 2 octobre 2011

Amazonie (1)

Me voici rentrée, saine et sauve, de mon périple en Amazonie. Il est donc temps de vous raconter toutes mes aventures ! Ca risque d’être assez long car la semaine a été dense, je vais donc faire deux articles.


Contexte

Il y a un mois de ça, j’ai décidé de passer ma semaine de vacances en Amazonie colombienne. C’est Manuela, une amie colombienne, qui a nous a proposé ce voyage à mes colocataires et moi. Comme beaucoup de colombiens, elle n’avait jamais visité cette partie de son pays avant. Contrairement aux étrangers, certains colombiens ne semblent pas du tout intéressés par l’Amazonie. Quand j’en ai parlé à un colombien de l’université, il a eu un regard affolé et m’a demandé « Mais qu’est ce que tu vas faire là-bas ?? ». Ca me rappelle quelque chose que m’avait dit mon cher Papa : « Les européens et les colombiens ne recherchent pas forcément la même chose. Les européens veulent de l’exotisme et les colombiens cherchent le confort. »

En effet, c’est bien la nature et le dépaysement que je recherchais dans ce voyage. J’étais très enthousiaste à l’idée de quitter la ville étouffante et stressante pour retrouver la nature et me recentrer sur  les choses simples.


Préparation

Avant de partir, il a fallu préparer notre équipement d’aventurier : t-shirts légers à manches longues et pantalons longs pour se protéger des moustiques, imperméable, sac de couchage, anti-moustiques, médocs anti-paludisme... Tout devait tenir dans un sac le plus léger possible.

Nous avons contacté deux guides différents :
- avec le premier, nous avons organisé trois jours de découvertes des villages le long de l’Amazone.
-         - avec le second, nous avons planifié un trek de trois jours dans la forêt.

Cet article parlera des trois premiers jours de notre voyage. C’est parti !


Samedi, le départ

Nous étions dix à partir de l’aéroport de Bogotá samedi matin : six français (Lola, Mateo, Zoé, Cyrielle, Dimitri et moi), trois allemandes (Vanessa, Ursina et Diana) et une colombienne (Manuela). 


Nous avons embarqué à bord d’un Boeing 737 à destination de Leticia.


Leticia, avec ses 40 000 habitants, est la plus grande ville de l’Amazonie colombienne. Elle se situe à la pointe sud de la Colombie, au bord du fleuve Amazone, le second fleuve le plus long du monde (premier par son débit). La zone est divisée entre trois pays : la Colombie, le Brésil et le Pérou.

Notre vol a duré 1h40 et nous sommes arrivés en début d’après-midi. A l’atterrissage, l’avion est passé en rase-mottes au dessus des arbres et du fleuve : impressionnant ! En sortant de l’avion, le choc de température a été violent : il faisait très chaud et humide. Pour info, la température moyenne à Leticia est de 28°C et l’air contient 95% d’humidité !

Par le hublot, on aperçoit l'immense forêt et les méandres du fleuve.

L’aéroport est tout petit car il n’y a que trois vols qui arrivent et trois qui partent chaque jour, tous vers Bogotá. Nous avons été accueillis par René, le patron de l’hôtel où nous allions dormir, puis nous avons pris un taxi pour rejoindre l’hôtel.

Le mignon petit aéroport de Leticia !

Notre hôtel, le Mahatu, possède un grand jardin qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux et des chiens, chats et poules qui trainent. Il y a une cabane avec des hamacs, une piscine et un petit bar. Il y a aussi une grande mare avec des tortues qui sortent la tête quand il fait beau. René nous a donné tout de suite le ton du voyage : pas d’Ipod et d’ordinateur, on vient ici pour écouter les chants des oiseaux et profiter de la nature.

Voilà l'hôtel !
On arrive par une jolie allée bordée de palmiers.
A l'intérieur, on peut profiter de la piscine ou de la cabane à hamacs.
Ou se poser au bar pour boire un coup.
Les tortues aiment se dorer la carapace au soleil.

Sur les conseils de René, nous sommes allés déjeuner en ville. Leticia est un petit village plein de vie. Les maisons n’ont pas d’étage, c’est assez curieux. Les gens ont la peau très foncée, il y a beaucoup d’enfants et de femmes enceintes. Beaucoup de monde traîne dehors et sur les terrasses des cafés. Globalement, les gens sont bien plus tranquilles et sympathiques qu’à Bogotá. Les rues ne sont pas toutes goudronnées, certaines sont juste des petits chemins de terre. Il y a très peu de voitures, le moyen de transport principal est la moto, il y en a partout !

Une petite rue près du port.
On se balade parmi les flaques.
Non, ce n'est pas le départ d'une course de moto !

Au restaurant, nous avons pu déguster un délicieux pirarucu, le poisson d’eau douce le plus grand du monde (il pèse jusqu'à 250 kg !). C’était un pur plaisir de manger du poisson frais !

Ensuite, nous sommes partis acheter des bottes en prévision de notre trek dans la forêt. Nous sommes aussi rentrés dans un magasin d’artisanat indigène où nous avons pu observer plein d’objets curieux.

La pharmacie traditionnelle indigène, avec plein de plantes bizarres !
Des costumes traditionnels faits à base d'écorce d'arbre et de pigments naturels.
Des dessins qui donnent une idée de la vie joyeuse
des indigènes dans la forêt.

La nuit tombe à 17h et nous sommes rentrés tôt à l’hôtel. Nous étions assez fatigués de la chaleur et nous sommes couchés tôt.

La nuit tombe sur Leticia...

Dimanche, découverte de Puerto Nariño

A 5h du matin (lever du jour), nous avons été réveillés par un concert de chants d’oiseaux en tout genre. Nous devions nous lever tôt car nous partions pour Puerto Nariño, un petit village sur le bord du fleuve. Nous avons rejoint le port de Leticia à pied, en faisant une petite pause à la boulangerie pour manger des « bocadillos de guayaba » (brioches à la confiture de goyave) vraiment délicieuses !

Pour accéder au port il faut traverser une petite rivière à sec
à cette période de l'année.

Au port, il y a une petite plage avec du sable foncé et des maisons sur pilotis auxquelles on accède par des ponts en bois.
La grande plage avec les maisons sur pilotis au loin.
La maison où nous avons embarqué.
C’est dans une de ces maisons que nous avons embarqué, non pas sur un grand ferry comme nous imaginions, mais sur une petite pirogue à moteur qui peut accueillir une vingtaine de personnes. Ce genre de bateau est appelé « rapido » car une fois les moteurs en marche, il remonte le fleuve à toute vitesse ! Il s’est arrêté dans de nombreux petits villages le long du fleuve pour déposer et prendre des gens.

A cette époque, le fleuve est bas. La saison des pluies commence en novembre et le niveau de l’eau monte alors de plus de quinze mètres ! De ce fait, les villages que nous voyions n’étaient jamais tout près des rives, mais un peu en retrait et en hauteur. On a pu observer des aigles et des jolis oiseaux noirs à tête rouge qui volaient au dessus du fleuve.

A la saison des pluies, le fleuve monte jusqu'aux arbres.
Mais où mène ce mystérieux petit escalier en bois ?
Le bateau s'arrête dans plein de petits ports pour déposer des gens.
Et voici l'arrivée à Puerto Nariño !

Après deux heures de trajet, nous sommes arrivés à Puerto Nariño. C’est un petit village de 5 000 habitants qui attire les touristes depuis quelques années. Il n’y a pas de rues, seulement des petites allées. Aucune voiture ne circule, tout le monde se promène à pied. La végétation est partout, luxuriante.

Dans tout le village, on se promène sur ces petites allées.
Du vert, partout !
Le stade de foot où se réunissent les gens
en masse quand il y a un match.
L'école du village.
Et voilà l'unique véhicule à moteur du village !

A l’hôtel, on nous annonce direct : « il n’a pas plu depuis trois jours, donc il va falloir économiser l’eau ! ». De fait, le village n’utilise que de l’eau de pluie, récupérée dans de grandes citernes. Il y a de l’électricité à certaines heures de la journée et jusqu’à minuit la nuit. Un vrai exemple de village écolo !

Notre joli hôtel.
Les bouteilles de plastique et de verre sont réutilisées
pour faire les bordures des jardins !

Globalement, l’ambiance du village est très apaisante. On se sent coupé de tout, les gens sont tranquilles, tout le monde se connait. On a envie de passer la journée à se balader en admirant la nature et les belles maisons, en écoutant les gens qui discutent en se posant à la terrasse d’un café ou d’un restaurant.

Les cultures colombiennes et indigènes cohabitent sans problème. De nombreux indiens vivent à Puerto Nariño. Nous avons rencontré notre premier guide, Pedro, un indien de la tribu Ticuna. Il nous a emmenés dans la maison d’une femme de sa communauté qui nous a souhaité la bienvenue en chantant et en dansant. Elle nous a dit qu’elle était la dernière de sa tribu à connaitre ces rituels traditionnels.

Ensuite, nous sommes allés déjeuner puis nous sommes partis pour notre première activité. Au programme : observer les dauphins roses d’Amazonie ! Cette espèce de dauphin est unique au monde. Les indigènes les respectent beaucoup et croient que les dauphins peuvent se transformer en êtres humains. 
Nous sommes partis sur une pirogue à moteur jusqu’à la zone où se reposent les dauphins mais malheureusement, nous n’avons pu les observer que de loin.

Voici la troupe dans la pirogue.
Ce n'est pas Pedro, c'est le monsieur qui s'occupait
de diriger le bateau.
On a croisé pas mal d'autres pirogues
qui servent pour le transport ou pour la pêche.

Un peu déçus, nous nous sommes arrêtés sur une île de sable au milieu du fleuve pour aller nous baigner. Non, ce n’est pas dangereux de se baigner dans le fleuve ! L’eau est propre, aucun produit chimique n’y est déversé. Sa couleur marron est juste due aux sédiments. Il n’y a ni alligator ni anaconda : les alligators préfèrent les rivières plus étroites et les anacondas ne s’y aventurent que pendant la crue.

L’eau est juste à la bonne température pour pouvoir rentrer dedans facilement et se rafraichir de la chaleur. C’était vraiment très agréable de s’y baigner.

On débarque sur une petite île de sable.
Tout le monde à l'eau !
Wouhou, je me suis baignée dans l'Amazone !

La nuit tombant, nous sommes rentrés à Puerto Nariño. Les moustiques sortant à la tombée du jour, il était temps de sortir nos habits longs ! La température la nuit est très agréable et nous nous sommes installés à la terrasse d’un restaurant qui propose des crêpes de cazabe, de la pâte de yuca. La yuca (manioc) est l’ingrédient fondamental de la cuisine amazonienne, à mon plus grand plaisir ! J’ai dégusté une très bonne crêpe de cazabe fourrée aux légumes avec un jus d’araza, un fruit amazonien.

L’ambiance à Puerto Nariño la nuit est très bizarre car il n’y a pas d’électricité à certaines heures. C’est très très sombre, les terrasses sont éclairées à la bougie et les gens se promènent avec des lampes torches, sinon on ne voit rien ! On a l’impression qu’il est très tard et on se sent vite fatigué. A 21h, nous sommes partis nous coucher avec l’impression qu’il était plus de minuit !


Lundi, journée humide

Nous n’avons eu aucun souci à nous lever tôt le lendemain matin. Pedro nous a emmené chez un habitant du village qui cultive du cacao « 100% naturel, le seul cacao bio d’Amazonie » nous a-t-il dit avec fierté. Nous nous sommes installés chez lui pour un bon petit déjeuner à base de fruits, d’œufs, de saucisses brésiliennes, de bananes séchées et d’une grande tasse de chocolat chaud maison !

On part pour le petit déjeuner.
On a bien mangé ce matin-là !

Ensuite, nous avons repris le bateau en direction du lac Tarapoto pour aller pêcher des piranhas. Petit à petit, le ciel a commencé à se couvrir et à s’assombrir, le vent s’est mis à souffler et les vagues se sont levées sur le fleuve.

Pedro scrute la forêt pour tenter d'y observer
des animaux ou des oiseaux.
D'un coup, le ciel et les eaux deviennent noirs !

Puis d’un coup, c’était le déluge total. On s’est réfugié dans un petit village indigène sur la rive en tentant tant bien que mal de se couvrir sous des bâches en plastique. 

Nous nous sommes reposés pas loin de deux heures dans une petite maison en bois remplie de lits et de hamacs, en écoutant Pedro nous parler du chamanisme et des drogues traditionnelles. Tous les deux ans, les indigènes font une diète d’une semaine afin de se purifier. A la fin de la semaine, ils prennent une drogue appelée ayahuasca qui provient d’une plante sacrée et qui donne des hallucinations très violentes pendant plusieurs heures. Certains étrangers ne viennent d’ailleurs en Amazonie que pour tester cette drogue-là, mais ils en sortent parfois traumatisés.

Admirez les magnifiques peaux de jaguars et crânes d'alligators
sur le mur du fond.

Quand la pluie a cessé, nous avons embarqué sur des petites pirogues à deux personnes pour nous rendre au lac. Il a fallu pagayer sur deux kilomètres pour y arriver.

Voici nos petites embarcations qui avaient une légère tendance
à prendre l'eau...

Pour pécher les piranhas, on utilise des cannes à pêches (un bâton et un fil) et un morceau de poisson frais comme appât. Les piranhas sont tellement voraces qu’ils mordent à l’hameçon sans problème. J’en ai attrapé trois (le record !) et Diana qui m’accompagnait sur la pirogue en a eu deux. C’était vraiment une activité sympa !


- Photos de la pêche à venir -


Par ailleurs, sachez que les piranhas ne mangent pas les humains car ils ne s’attaquent qu’aux proies qui sont immobiles. On peut donc se baigner sans problème dans un lac rempli de piranhas à partir du moment où on bouge !

En rentrant vers Puerto Nariño, nous nous sommes arrêtés brièvement sur la rive pour aller voir les arbres sacrés des indigènes. Je ne sais plus comment ils s’appellent, mais ce sont des arbres très hauts aux racines facilement reconnaissables. 

Cet arbre sacré a plus de 400 ans !
En bas de l'arbre, Vanessa fait connaissance
avec un charmant mille-pattes !

Nous nous sommes couchés tôt à Puerto Nariño car nous devions reprendre le bateau pour Leticia à 7h le lendemain matin.




Voilà pour la première partie du voyage ! Pour vous laisser le temps de digérer ce long article, je posterai la suite du feuilleton mercredi prochain. Elle sera pleine d’aventure, préparez vous !



5 commentaires:

  1. pti chinois hi hi hi2 octobre 2011 à 13:55

    Encore très intéressant, passionnant même. J'aimerais bien voir la tête des piranhas, qu'en avez-vous fait, ils sont bons à manger ?

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  2. pti chinois encore2 octobre 2011 à 14:02

    et l'arbre, ce ne serait pas un fromager par hasard ?

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  3. Oui oui, les piranhas se mangent, mais on les a laissés à Pedro parce qu'on n'avait pas trop faim. Je dois récupérer quelques photos que je rajouterai.
    J'ai regardé quelques images de fromager mais je ne pense pas que ça soit ça car l'arbre était très haut. On m'a dit le nom en espagnol mais je ne m'en souviens plus.

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  4. Solenn, j'espère que tu as une super photo d'un arbre sacré pour moi !!!
    Et aussi que tu notes tous les commentaires de tes guides pour pouvoir nous en parler plus en détails par la suite...
    Bon, je crois que Nicolas Hulot n'a plus qu'à partir en retraite, la relève est assurée (super ton reportage,j'attends mercredi avec impatience)
    Bisous

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  5. Je crois que j'aurais quand même la trouille de me baigner avec des piranhas ...traumatisée par la bd du Marsupilami :)
    En tout cas merci de nous faire voir toute cette nature ! Des bises !

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