mardi 4 octobre 2011

Amazonie (2)

Les choses sérieuses commencent ! Mardi, mercredi et jeudi, nous avons décidé de nous aventurer dans la forêt afin de rencontrer cette fameuse « madre naturaleza » (mère nature) dont parlent tant les indigènes !


Mardi, bienvenue à la maloka

Nous avons quitté Puerto Nariño mardi matin, avec un petit pincement au cœur car cet endroit est un vrai petit havre de paix où j’aurais aimé rester plus longtemps. A notre arrivée à Leticia, nous avons rencontré Juan Carlos, le guide qui allait nous faire découvrir la forêt. C’est un médecin indigène de la tribu des Macunas, qui vit en partie à Bogotá où il tient un magasin de plantes médicinales et donne des cours à l’université Nacional (la meilleure du pays). C’est d’ailleurs à Bogotá que Zoé l’a rencontré, puisque c’est un ami de notre voisin.

Juan Carlos n’était pas revenu à Leticia depuis six mois, il était donc bien content de retourner dans son village. Après un bref passage à l’hôtel Mahatu pour vider nos sacs du superflu, nous sommes partis en taxis jusqu’à l’entrée de la réserve indigène. De là, nous avons marché une bonne demi-heure sous un soleil de plomb. Avec nos habits longs, on se sentait vraiment mal !

Enfin, nous sommes entrés à l’ombre de la forêt et avons marché sur un petit sentier vers le village. Par moments, il fallait traverser des fossés sur des troncs d’arbres, ça donnait déjà un sentiment d'aventure !

Je vous entends déjà ricaner "mais y'a même pas d'eau en dessous !"
Attendez voir la suite !
Nous arrivons au village !

Quand nous sommes arrivés au fameux village, nous n’avons découvert qu’une grande maison au milieu d’une clairière. La maison est appelée « maloka », c’est une sorte de forum où se réunissent les indigènes pour les fêtes traditionnelles. Le reste du temps, une dizaine de personnes y habitent, notamment le chef de la maloka qui y réside tout le temps et des gens de passage. Tout le monde y est le bienvenu, peu importe à quelle tribu il appartient.

Et voici la maloka !
La même, vue de derrière.
Les toilettes sèches situées un peu plus loin.
Sans sciure de bois, ça sentait pas très bon.
Tout autour, c'est plein de plantes exotiques !

Les indiens macunas vivent tous dispersés dans des maisons dans la forêt, contrairement aux ticunas qui vivent en communauté. De ce fait, l’ambiance dans la maloka est un peu glauque car c’est un endroit très isolé qui manque de vie. De plus, il fait très sombre à l’intérieur. Il n’y a qu’une unique pièce avec une longue table au milieu. Dans un coin, les femmes cuisinent près d’un feu allumé par terre, tandis que les hommes sont assis à faire je-ne-sais-quoi. Il y a quelques enfants qui jouent aussi et des chiens et des poules qui se promènent.

L'intérieur de la maloka est bien sombre et vide.
Au fond à gauche, il y a le coin cuisine.

Les gens dorment soit dans des hamacs, soit sur des matelas dans les petites mezzanines de chaque côté de la pièce.

Pour aller dormir, il faut monter sur cette petite planche en bois.
(Attention à la descente le matin quand on n'est pas réveillé !)

Nous avons déjeuné sur la grande table recouverte de feuilles de bananiers (la nappe locale). Au menu : riz, poulet à la braise et cazabe, ce pain à base de farine de yuca que nous avions déjà gouté à Puerto Nariño. Les femmes le préparent tous les jours en extrayant l’amidon de la yuca dans de grands tamis, puis en faisant cuire la farine avec de l’huile sur une grande plaque de métal.

Pour préparer le cazabe : le tamis (au fond) et la plaque de cuisson.

Après le repas, nous avons quitté la maloka pour aller nous baigner dans un petit ruisseau dans la forêt. Il n’y a pas de point d’eau dans la maloka, le ruisseau est la seule source pour se laver et boire (à condition d’être habitué). Il y a un petit escalier en bois pour descendre dans l’eau, mais pour les plus aventureux, il y a aussi la technique Tarzan qui consiste à se balancer à une liane pour se jeter dans l’eau. On n’était pas trop partants au début car on ne voyait rien dans l’eau et on avait peur des morceaux de bois et animaux en tout genre. Mais après une petite démonstration de Juan Carlos, on s’est finalement jeté à l’eau et on s’est éclaté pendant une bonne heure !

Matéo nous fait une démonstration : on s'aggripe bien au bout de bois
en bas de la liane...
... puis on se lance !
Et on lâche à un moment aussi.
Toutes les techniques sont permises.
On ne s'en lasse pas !
Le coin douche en mode "pub Ushuaïa".

De retour dans la maloka, nous avons aidé Juan Carlos à installer les hamacs et les moustiquaires où nous allions dormir. La nuit a commencé à tomber et nous avons découvert l’intérêt des lampes torches, car il n’y a pas d’électricité. L’obscurité rend presque claustrophobe, nous ne sommes vraiment pas habitués à ça. Moustiques et cafards ont commencé à envahir la pièce.

Les moustiquaires sont spécialement adaptées pour les hamacs.

Avec Juan Carlos, nous avons fait un tour dehors pour observer la nature qui se réveille la nuit. Nous avons vu quelques araignées et beaucoup de crapauds.

J'ai hésité à t'en ramener un Maman,
mais il n'aurait peut-être pas supporté le climat breton.

Ensuite, nous avons été conviés au rituel de bienvenue en compagnie de Juan Carlos et d’autres indigènes de passage. Tout d'abord, Juan Carlos nous a appris un mot fondamental de son langage : « Ahú ! » (à prononcer, pour les connaisseurs, sur le ton d'un Ewok content) qui signifie « c’est bien », « je suis content », « tiens ! », « allons-y »… Ca s’emploie à toutes les sauces et nous l’avons utilisé pendant tout le séjour !

Ensuite, il a fallu se peindre les mains avec le jus d’un fruit transparent, qui devient bleu/noir au bout de quelques minutes. Ca n’a pas eu l’air de fonctionner sur nous, puisqu’après une demi-heure, nous avions toujours les mains aussi blanches.

Enfin, il y a eu l’épreuve soit-disant purificatrice du sniffage de tabac. Les indigènes utilisent une sorte de pipe qu’ils se mettent chacun dans une narine. L’un des deux souffle et l’autre reçoit violemment du tabac dans le nez ! On n’avait pas trop envie d’essayer donc on s’est contenté d’en renifler un peu pour leur faire plaisir. On a aussi du avaler de la pâte de tabac absolument dégoutante. On est parti se coucher au moment où ils nous ont proposé de mâcher de la coca car on n’était bien fatigués et on avait eu notre dose de substances bizarres.


Il a fait plutôt froid pendant la nuit et nous n’avons pas très bien dormi. En plus, il y a toujours du bruit dans la maloka, entre les hommes qui discutent jusqu’à pas d’heure, les femmes qui leur demandent de se taire, les enfants qui pleurent et les vieux qui parlent tous seuls.


Mercredi, rencontre avec mère nature

Nous étions réveillés à 6h le lendemain matin avec l’animation qui commençait à régner dans la maloka. Et là, stupeur ! Nous avons les mains toutes bleues ! En fait, si si, ça marche très bien cette peinture naturelle ! Ca reste normalement une semaine (au bout de cinq jours c'est presque parti avec tous les savons chimiques qu'on utilise).

En mode Avatar !

Nous avons pris un bon petit déjeuner et gouté une variété de raisin amazonien qui a un peu un gout de myrtille, très bon. On nous a offert une boisson chaude à base d’amidon de yuca à l’aspect très gélatineux qui n’a pas été au gout de tout le monde.

Le programme de la journée était de marcher jusqu’à l’arbre sacré des indigènes pour y poser notre campement pour la nuit.

Nous avons attendu pendant un bout de temps que Juan Carlos soit prêt à partir. Je ne sais pas si cela fait partie de la culture indigène, mais il n’était vraiment pas pressé et pas organisé, il ne planifiait rien à l’avance et on a passé une bonne partie du séjour à l’attendre. Bref, pendant ce temps, là, on s’est baladé autour de la maloka pour regarder les plantes et jouer avec les enfants.

Maintenant, vous savez comment poussent les ananas !
Elle s'appelle Julie et elle a un sourire ravageur !
On goûte un long fruit étrange, mais très bon.

Un monsieur nous a montré comment fabriquer des casse-têtes à partir de la tige d'une plante. A quoi cela sert-il donc ? Eh bien, les indigènes pensent que quand on se perd dans la forêt, c’est parce que les esprits de la mère nature ont décidé de nous piéger. En fabriquant un casse-tête, on détourne l’attention des esprits qui cherchent à le résoudre, et on peut alors s’échapper !
Il nous a aussi montré un autre type de peinture traditionnelle à base d’un fruit rouge, mais celle-ci ne reste qu’une journée.

Avec mes peintures de guerre et mon casse-tête protecteur,
me voici prête à affronter la forêt !
Le raisin amazonien et le fruit rouge qui sert pour la peinture.

Vers 11h, nous avons réuni toute la troupe et nous sommes aventurés dans la forêt en file indienne. Dans l’ordre: Fabiola, l’ex-compagne de Juan Carlos (j’en reparlerai plus tard), Juan Carlos avec sur ses épaules Juan, son fils de 3 ans, les six français, un ami de Juan Carlos de passage et un vieux monsieur avec son chien.

Nous sommes arrivés rapidement à une nouvelle clairière où se trouve la maison des parents de Juan Carlos dont il a hérité. A côté, il y a une sorte de champ en friche avec plusieurs variétés de yuca. Nous avons posé nos affaires et avons accompagné Juan Carlos et son ami dans la forêt à la recherche du repas de midi.

Que faire quand vous avez une petite faim dans la forêt ? Il suffit de trouver un arbre très spécial et de l’abattre à la hache (poussez-vous quand il tombe), puis de farfouiller dans la pourriture à l’intérieur du tronc pour trouver des larves blanches gluantes, les mêmes que dans Koh-Lanta ! Ca se déguste vivant en explosant le corps de la larve et en avalant le jus.

Juan Carlos a trouvé le bon arbre !
Une fois abattu, on farfouille dans la pourriture orange...
... pour trouver ça ! Hakuna matata !

Nous étions tous totalement dégoutés du spectacle et ça faisait bien rire les deux indigènes qui dévoraient les larves en se léchant les babines. Seule Zoé a eu le courage de goûter.

Sur le chemin du retour, Juan Carlos nous a montré de nombreuses plantes médicinales qu’il cueille pour les ramener dans son magasin à Bogotá. Certaines servent contre le mal de tête, contre la diarée, les infections...

Nous sommes revenus à la maison de Juan Carlos et avons attendu que Fabiola prépare le déjeuner. Il faisait une chaleur accablante et je me sentais très mal, donc je me suis allongée à l’ombre en tentant d’éloigner les nuées de moustiques qui tournaient autour de moi.

Dur dur la chaleur ! 
Je vous présente Juanito, le bout de chou
qui nous a accompagné pendant le séjour.
Le repas du midi est en préparation sur un petit feu de bois.
Les réchauds à gaz, connait pas !

Au repas, nous avons accepté de goûter les larves frites. Ca a un goût bizarre d’huile d’olive, pas mauvais mais pas délicieux non plus.

Le déjeuner : larves frites, riz et yuca.

Après avoir attendu que Juan Carlos fasse cinq fois le tour de sa propriété, nous sommes partis dans la forêt à destination de l’arbre sacré. Mais pour y accéder, il faut passer la terrible épreuve du pont au dessus de ruisseau ! Le pont en question est un tronc d’arbre tout fin et plein de mousse à 3 mètres au dessus de l’eau.

C'est le moment de révéler ses talents de funambule !

Juan Carlos, doté de l’équilibre animal des indigènes, peut traverser le pont sans problème avec 3 sacs sur le dos ou son fils sur les épaules, de jour comme de nuit. Nous, nous étions totalement terrifiés. Juan Carlos a proposé de nous aider à passer en nous tenant la main, mais j’en ai été incapable et j’ai utilisé un autre passage un peu plus bas en avançant sur les fesses (pas très élégant, mais ça marche).

Personne n’a fini à l’eau et nous avons continué la marche. L’arbre sacré est de la même variété que ceux que nous avions vus avec Pedro lundi, d’une hauteur de 40 mètres. Juan Carlos nous a demandé de nous recueillir pour ressentir l’énergie de la mère nature, puis de frapper sur l’arbre pour signaler notre présence. On peut y grimper avec une corde qui pend, mais nous n’avons pas eu le temps de le faire. Nous avons pu y observer des « micos », des tous petits singes de la taille d’un écureuil.

L'arbre sacré est très haut !
Le mico en question. Après coup, je me demande vraiment
s'il ne s'agissait pas d'un écureuil.

Juan Carlos a commencé à installer le campement avec une efficacité remarquable. Les hommes indigènes doivent savoir construire une maison avant de se marier. Il nous a montré comment faire un toit avec des feuilles (comme celui de la maloka), qui peut tenir pendant 15 ans s’il est bien fait !

A la nuit tombante, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions plus d’eau et Juan Carlos est parti nous en chercher. Tous seuls dans la nuit au milieu de la forêt, nous n’en menions pas large. Au dessus de nous, plein de lucioles volaient parmi les arbres, on aurait dit des petites flammes. 
Nous discutions gentiment quand tout à coup, nous avons entendu un grognement parmi les feuillages. Serait-ce un jaguar ?? (Vous le saurez un peu plus tard.) Terrifiés, nous braquions nos lampes torches dans tous les coins pour essayer d’effrayer l’animal en question en attendant avec impatience le retour de Juan Carlos.

Le tonnerre s’est mis à gronder et la vie nocturne s’est réveillée. Les chants des oiseaux faisaient un vrai boucan et les crapauds poussaient des cris qui ressemblent à des rires. Selon les indigènes, il est interdit d’imiter un crapaud sous peine d’être puni par la mère nature.

Quand Juan Carlos est revenu, il a fini d’installer le campement avec des grandes bâches en plastique pour protéger de la pluie. Comme il n’avait pas trouvé d’eau, nous avons été chercher celle du ruisseau et y avons ajouté des pastilles désinfectantes. C’est passé sans problème !

Installation du campement en deux temps trois mouvements
par Juan Carlos.
Matelas gonflable et hamacs pour dormir.

L’heure était alors venue de débuter la « caminata en la noche », la marche dans la nuit à la rencontre de la nature. Nous avions tous peur de nous aventurer dans la forêt et de faire de mauvaises rencontres, car Juan Carlos s’était fait piquer par un scorpion un peu plus tôt dans la soirée (normalement, la piqûre du scorpion provoque de terribles vomissements, mais comme il avait déjà été piqué il ne lui est rien arrivé).

Vilain scorpion !

Avec cinq lampes de poches pour sept personnes,  nous avancions dans l’obscurité en tentant d’éviter les troncs d’abres, les racines, les plantes, les lianes et les branches pleines d’épines qui barrent le chemin. Au bout de cinq minutes, nous avons fait la rencontre d’une terrifiante tarentule en position d’attaque sur un tronc d’arbre.

Elle fait la taille d'une main et elle est très venimeuse.

Plus loin, nous avons du traverser de nuit un petit pont au dessus du ruisseau, tout en regardant bien sur la rive si un jaguar n’y était pas caché (car les jaguars aiment bien se poster là parait-il). Juan Carlos nous a demandé plusieurs fois d’éteindre les lumières pour ne pas effrayer les animaux et écouter les bruits de la forêt. A chaque fois, nous étions si terrifiés que nous nous agrippions les uns aux autres. 
Juan Carlos est parti avec Zoé et Lola chasser la grenouille dans une petite mare, pendant que Mateo, Cyrielle, Dimitri et moi attendions en tremblant au milieu des bois. « On ne se sent pas trop chez nous », avons-nous noté. Les trois chasseurs sont revenus avec deux grenouilles vivantes embrochées en prévision du petit déjeuner.

Ces deux pauvres grenouilles ont du attendre la nuit entière
avant d'être mangées.

Avec son sens de l’orientation totalement miraculeux, Juan Carlos nous a ramené sans souci jusqu’au campement que nous avons retrouvé avec grand soulagement. Il était temps d'aller se coucher : trois par terre sur un matelas pneumatique, deux au dessus dans des hamacs et Cyrielle dans un hamac un peu plus loin. Quand nous étions tous bien installés, Juan Carlos est parti en nous disant qu’il reviendrait un peu plus tard. De nouveau, on avait super peur de se faire dévorer par un jaguar au milieu de la nuit. 

Soudain, il a commencé à pleuvoir à torrents et Cyrielle a du nous rejoindre à l’abri sous les bâches en plastiques. Le hamac de Zoé a commencé à prendre l’eau et nous avons appelé Juan Carlos pour qu’il vienne nous sauver de cette terrible situation (oui, il y a du réseau au milieu de la forêt). Il est revenu (« Ahú ! »), a arrangé l’abri pour qu’il nous protège bien, puis est reparti.

Au final, nous avons tous très mal dormi, mouillés, serrés comme des sardines les uns sur les autres et effrayés par tous les petits bruits autour de nous.


Jeudi, retour à la civilisation

Je ne vous raconte pas le soulagement quand le soleil s’est levé à 5h du matin, nous avions l’impression d’être des survivants.

La bande de survivors le matin au réveil.

Juan Carlos a débarqué tranquillement avec son fils et Fabiola qui nous a fait frire les petites grenouilles (qui agonisaient depuis la veille) et réchauffer un peu de cazabe. Elle a également préparé un thé à base d’une plante qui a un goût de citronnelle, délicieux !

Le feu a eu du mal à prendre dans la forêt humide,
mais ces indiens sont décidément très forts !

Nous devions normalement faire une marche dans la forêt, mais comme nous n’étions pas très frais nous avons préféré renoncer. Juan Carlos nous a montré comment tirer à la sarbacane. Les flèches proviennent d’un arbre qui a plein d’épines. Le bout est taillé et trempé dans du venin qui provient d’une plante. Il nous a aussi fait boire de l’eau pure qui vient d’une liane à eau, pratique quand on a une petite soif !

Voici l'arbre à flèches !
Lola s'entraine à tirer, mais c'est pas facile de viser.
L'eau du robinet, version Amazonie.

Il était alors temps d’amorcer le retour vers Leticia. Pour nous éviter d’avoir à retraverser le pont, Juan Carlos nous a proposé de revenir jusqu’à sa maison par le ruisseau en pirogue. Zoé et moi sommes parties les premières dans la pirogue, avec Juan Carlos devant qui pagayait. Une fois de plus, nous avons pu constater notre maladresse par rapport à l’agilité des indigènes. Nous avions du mal à rester droites sur le bateau et dès que nous penchions un peu, plein d’eau rentrait dans le bateau. Avec une assiette, j’essayais désespérément d’évacuer l’eau, mais à quelques mètres de l’arrivée nous nous sommes retrouvés noyés !

La petite plage où nous avons embarqué.

J’en ai profité pour me laver un peu dans le ruisseau, au milieu des moustiques et des papillons multicolores qui voletaient autour de moi. Zoé a alors percé le mystère du grognement dans la forêt. Il s’agissait en fait d’un redoutable… 
...colibri. Bon.

En attendant que les autres arrivent, je suis allée discuter avec Fabiola. C’est une femme très douce et gentille qui m’a posé beaucoup de question sur la vie à Bogotá car elle n’a jamais vécu autre part qu’en Amazonie. Elle fait partie de la tribu des Ticunas qui vit en communauté au bord du fleuve. Elle est venue vivre seule au milieu de la forêt pour élever le fils de Juan Carlos quand ils se sont mariés, mais celui-ci l’a quittée pour une autre femme. Elle va donc revenir vivre dans sa communauté pour élever son enfant qui va bientôt naitre (elle m’a dit que si c’était une fille, elle l’appellerait Solenn). Pour s’occuper pendant son retrait dans la forêt, elle a fabriqué beaucoup de bracelets et de colliers selon les méthodes artisanales, que nous lui avons tous acheté en souvenir.

Elle m’a parlé de quelques traditions ticunas. Quand les filles ont leurs premières règles, on les enferme dans une maison pendant un an, pendant lequel elles ne peuvent recevoir que la visite de leur mère. A la fin de l’année, il y a une grande fête qui symbolise leur passage à l’âge adulte, pendant laquelle on leur arrache tous les cheveux un à un. Horrible, non ? Les garçons, en revanche, ne subissent aucun traitement du genre.

Quand tout le monde a été prêt, nous sommes repartis à pied vers Leticia par le même chemin que nous avions pris à l’aller. Nous étions tous sales, on sentait la transpiration, l’humidité (nos habits avaient moisis à force d’être mouillés) et le Nopikex, un savon anti-moustiques qui pue. Nous avions soif, faim et un peu hâte de retrouver la civilisation.

Nous sommes arrivés à Leticia en début d’après-midi. Après avoir dit au revoir à Juan Carlos et Fabiola, nous nous sommes posés à la terrasse d’une boulangerie pour dévorer des bonnes pâtisseries et des jus frais.

Vous prendrez bien un petit jus ?
Les bonnes pâtisseries, y'a rien à dire, c'est meilleur que les grenouilles.

Nous sommes rentrés à l’hôtel Mahatu où nous avons retrouvé Manuela, Vanessa, Ursina et Diana et avons pu nous doucher, nous laver les dents et nous changer. L’aventure était finie !
Tous ensemble, nous avons profité de notre dernière soirée en Amazonie pour manger un dernier « pirarucu a la plancha » avant d’aller nous reposer de toutes nos émotions…


Vendredi, adiós Amazonas !

On repart, tous bronzés !
Je ne vous raconte pas le retour à Bogota, ça n’a pas trop d’intérêt ! 

J’espère que ce long récit vous a fait voyager. Pour ma part, j’ai vécu un vrai dépaysement en vivant loin de la ville et du confort, j’avais presque l’impression de découvrir un nouveau monde. Je me sentais vraiment étrangère et j’ai bien réalisé que je ne pourrais jamais vivre dans la nature comme le font les indigènes, qui connaissent la forêt comme leur maison.



Je suis contente d’avoir pu découvrir cette vie-là qui n’est pas facilement accessible. La plupart des villages indigènes accessibles aux étrangers sont très touristiques, alors que nous avons eu la chance de découvrir quelque chose d’authentique en connaissant Juan Carlos.

J'apprécie, je dois le dire, un peu plus mon lit douillet et ma douche chaude. On ne se rend pas compte du confort dans lequel on vit !

Un petit chiffre pour finir : 85, c’est le nombre de piqures de moustiques que j’ai  sur tout le corps ! Je vais donc vous laisser pour me gratter un peu...

4 commentaires:

  1. Que de beauté et d'émotion dans ton reportage, Solenn, j'en suis toute émue !!!
    Je comprends que le retour vers la grande ville soit un peu difficile (à part pour le confort et la nourriture). C'est tout simplement fantastique ce que tu vis.

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  2. Quelle aventure !!
    Grosses bises.

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  3. C'est vraiment super tout ce que vous avez vécu ! Je pense que vous vous en souviendrez toute votre vie ! Veinards ! (en même temps faut être courageux aussi pour faire tout ce que vous avez fait !) J'ai montré ton blog à des amis turcs et ils étaient très impressionnés ! Ils répétaient sans cesse : "they are very brave people !"
    Bisous

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  4. Je suis admirative de ce que tu as vécu.Tu es désormais une vraie aventurière!Quelle belle expérience ,je pense que tu ne l'oublieras jamais.Bisous.Sylvie Merdrignac.

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