mercredi 11 janvier 2012

Ciudad Perdida et Taganga (2)

Tout d'abord : Feliz año nuevo a todos !
Désolé, j'ai un peu dépassé le délai d'une semaine pour poster la suite de mon périple ! Ne perdons pas plus de temps.


Jour 2

6h30… Même pas fatiguée ! Pour un réveil bien efficace, quoi de mieux qu’aller se baigner dans l’eau fraiche d’une grande cascade ? Les plus aventureux et réveillés d’entre nous ont relevé le défi et après une petite marche qui s’apparentait plus à de la varappe par endroits, nous avons découvert un lieu absolument magique, baigné de soleil. 

Nous avons descendu sur les rochers le long de la cascade pour pouvoir nous baigner en bas et même découvrir la grotte qui se cache derrière ! Mais comme le courant était vraiment fort, je n’ai pas osé y aller. Ensuite, nous avons passé une petite heure à bronzer sur les rochers au soleil et à plonger dans les piscines naturelles, que du bonheur !

Descente périlleuse le long de la cascade.
(Ce ne sont pas mes photos, je n'avais pas pris mon appareil de peur qu'il prenne un bain.)
Au pied de la cascade, le bruit est étourdissant
et ça éclabousse tellement qu'on peut à peine regarder...
Petite baignade tranquille dans un cadre plutôt idyllique !

On est rentrés au campement pour prendre le petit déjeuner puis attaquer cette deuxième journée de marche (un peu fatigués déjà !). 


La marche a été plutôt agréable, j'étais bien contente de retrouver la nature après tout le temps passé à Bogotá ! Il n’a pas plu mais nous n’avons pas gardé les pieds secs pour autant, car nous avons du traverser plusieurs fois la rivière Buritaca (sacrée pour les indigènes).
C'est reparti pour la marche parmi les bananiers !
Il y a quelques montées très raides,
mais mes mollets sont solides !
Première rencontre avec ces fourmis rouges bien courageuses,
il y en avait tout au long du chemin.
On arrive au plus haut du parcours : 800m d'altitude.
La vue sur les montagnes autour est splendide !
Le chemin est escarpé et plein de cailloux.
Dans les descentes, les chevilles et les genoux trinquent sérieusement.
Par endroits, il vaut mieux ne pas être trop gros pour passer...
Pour traverser les courants profonds,
l'option maillot de bain + baignade est généralement appréciée.

A la fin du chemin, nous sommes arrivés près d’un village des indiens Kogis, composé de plein de petites huttes en bois recouvertes de paille. Quelques enfants kogis sont venus nous saluer. Ils n’aiment pas trop les photos, mais ils ont quand même accepté d’en faire pour les touristes que nous sommes en échange de paquets de chips et de bonbons !

Ils sont trop mignons avec leurs robes claires (tenue traditionnelle kogi),
leurs grands yeux noirs et leurs cheveux longs.
Encore un peu de chemin avant d'arriver au campement...
... en traversant quelques petits ruisseaux.

Nous sommes arrivés au deuxième campement en milieu d’après-midi et avant la pluie, et nous avons pu nous reposer un peu… sans nous douter que le danger rodait tout près de nous ! 
En effet, un serpent corail s’est invité dans notre campement et rampait sous les bancs où nous discutions tranquillement, avant qu’un de nos guides ne le voit et l’abatte sauvagement ! C’est le serpent le plus dangereux de Colombie, et son venin peut bloquer les voies respiratoires en 30 min… Pendant le reste de la soirée et de la nuit, nous avons utilisé très consciencieusement nos lampes torches pour regarder où nous marchions !


On a des lits au campement, cette fois !
C'est l'heure du goûter ! On ne pense pas à regarder sous les bancs...
... ou l'ennemi s'était réfugié pour se protéger de la pluie !
(Les serpents n'aiment pas l'humidité.)


Après le diner, notre guide Pedro nous a parlé des traditions et modes de vie des indiens Kogis, qui descendent probablement des indiens Tayronas. 


A propos des Kogis

Les Kogis vivent tous séparés dans la montagne et se réunissent de temps à autre dans les villages comme celui que nous vu pour les cérémonies. C’est un peuple semi-nomade et chaque famille possède plusieurs habitations. Les hommes et les femmes vivent toujours dans des habitations séparées. Les femmes sont très importantes et se chargent de quasiment toutes les taches au sein du foyer : éducation des enfants, élevage des animaux, culture des légumes et céréales… Ce sont elles aussi qui portent les charges lourdes. Les hommes, eh bien, sont chargés des semences, de la chasse et des constructions (plutôt tranquille !).


Les filles kogis sont mariées dès l’âge de leurs premières règles. C’est l’homme qui choisit son épouse et selon son rang dans la société, il devra travailler pour ses beaux-parents jusqu’à plusieurs années pour gagner la main de sa dulcinée (comme quoi il bosse à un moment dans sa vie quand même). Après le mariage, le mari construit plusieurs habitations pour sa future famille, à différents endroits de la montagne. Quand elles sont prêtes, les deux époux commencent à fonder une famille et la femme aura des enfants jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus en avoir. Les femmes kogis peuvent donc avoir une quinzaine d’enfants, mais beaucoup ne survivent pas en bas âge.

Certains indiens vivent en ville (Santa Marta) et ont un travail. Les femmes ont le droit d’épouser un étranger s’il choisit de faire partie de la tribu, mais un homme ne pourra jamais épouser une femme qui n’est pas kogi. Il est interdit de quitter la tribu.

Nous avons posé beaucoup de questions sur la vie des indiens kogis et la discussion a duré très longtemps, sur le chamanisme, la justice, la vie sexuelle, la religion... Par chance, Pedro savait vraiment beaucoup de choses.


Jour 3

Cette journée de marche a été plutôt tranquille. Nous avons du traverser la rivière Buritaca peu après le départ. Comme elle est assez profonde à cet endroit là, il y a deux solutions : « por el agua » (dans l’eau) ou « por el aire » (dans l’air) ! La seconde possibilité, qui a l’atout inégalable de garder les pieds au sec, consiste à monter dans une cage en fer suspendue à un câble en acier au dessus du fleuve. Plutôt marrant ! Par contre, ça a pris pas mal de temps pour faire passer tout le monde comme ça.

Le câble en acier passe à une trentaine de mètres au-dessus de la rivière.
De chaque côté, il faut quelqu'un pour tirer la cage.

Un peu plus loin, nous avons découvert une petite maison kogi dans laquelle se trouve un curieux moulin qui sert à broyer la canne à sucre.

Les Kogis utilisent des chevaux pour pousser de chaque côté.
On en profite pour faire une pause en grignotant de la canne à sucre
fraîchement coupée à la machette par notre guide !
Retour dans la jungle.
La marche est franchement tranquille, on s'octroie une autre pause.
Il y a même un petit bar pour acheter des boissons et des oranges !
J'en profite pour faire cette belle photo du paysage.
Moi qui était en manque de verdure ! ...

Dans la forêt, nous avons eu la surprise de croiser plusieurs fois des cochons tous noirs. Ils appartiennent aux Kogis qui les élèvent puis les libèrent pour pouvoir les chasser ensuite (il faut bien occuper les hommes !).
Il est pas mignon ?
Ca monte et ça descend toujours.
Il faut parfois se tenir pour ne pas se casser la figure !
La vue est magnifique dans les rares moments où on sort de la forêt.
La sensation d'espace est immense !

On croise deux petits Kogis qui veulent nous vendre leurs oranges !
Balade parmi les champs de canne à sucre.
La preuve irréfutable que les bananes poussent dans les bananiers !
Des ruisseaux, toujours des ruisseaux...
La vue est superbe, mais l'eau est froide !
Mais certains tentent le plongeon dans ce cadre paradisiaque.

Nous avons atteint le dernier campement ce jour là, situé à moins d’une heure de la ciudad perdida. Cependant, nos guides ont préféré attendre le lendemain pour y aller, pour pouvoir profiter du beau temps de la matinée (il pleut globalement toutes les après-midi). Et puis, avec la pluie, le niveau des rivières augmente très vite et ça peut être très dangereux de les traverser dans la soirée.

Petite sieste au campement,
et vue de mes pieds qui décompressent sous la moustiquaire.

Jour 4

Ce jour là, ça rigole pas, lever à 5h. Enfin 5h30 pour moi, parce que les guides avaient oublié de me réveiller… Préparation exprès donc, juste le temps de réaliser que je ne me sentais pas très bien. On a laissé nos affaires au campement et on est parti, enfin, à la découverte de la cité perdue !

Le chemin vers la cité longe la rivière qui est assez profonde à cet endroit là. La traversée a nécessité l'utilisation d'un harnais de sécurité en raison du courant très fort.

Les guides tendent une corde à travers la rivière pour y attacher le harnais.

De l’autre côté du fleuve, nous sommes arrivés à l’entrée du site, indiquée par une petite pancarte. On a rencontré quelques militaires qui revenaient de la cité avec 40kg sur le dos, les courageux… Le plus dur restait encore à faire, car pour accéder à la cité il faut monter un escalier vraiment raide de 1200 marches en pierre ! Les Tayronas devaient avoir de tous petits pieds car les marches étaient très petites, il fallait parfois les monter sur la pointe des pieds. Ca fait les mollets !

Les militaires de la forêt sont de vrais héros en Colombie !
Le début des marches... allez, courage !

Enfin, nous sommes arrivés sur une des premières terrasses du site. Il faisait assez froid du fait de l’altitude (800m) et de l’humidité, et l’air était envahi de moustiques. On s’est assis pour écouter Pedro nous parler de l’histoire du lieu.

Les premières terrasses, recouvertes de mousse.
Les pierres abandonnées dégagent une ambiance très solennelle...
On s'assoit pour reposer nos jambes fatiguées et écouter le récit de Pedro.

La cité aurait été construite par les indiens Tayronas en 800 avant JC. Elle était le centre d’un réseau de villages situés dans les montagnes et le long de la côte. Les indiens Tayronas pratiquaient l’artisanat (notamment la bijouterie) et commerçaient entre eux et avec d’autres tribus, y compris au-delà des mers. La cité perdue était notamment un important centre de commerce.

Elle est composée de nombreuses terrasses sur plusieurs niveaux. Les niveaux correspondent aux niveaux dans la société, qui était très hiérarchisée. Les classes les plus basses vivaient en bas, tandis que les classes moyennes et riches vivaient sur les terrasses les plus élevées. On estime qu’environ 5000 personnes vivaient à ciudad perdida.

Au début de la conquête espagnole (16ème siècle), les Tayronas ont pratiqué le commerce avec les espagnols, à qui ils offraient de l’or en échange de vêtements. Cependant, beaucoup d’entre eux sont tombés malades à cause des maladies européennes transportées dans les textiles espagnols. Ils décidèrent alors de suspendre le commerce avec les espagnols et les relations devinrent hostiles. Les Tayronas n’étant pas de bons guerriers, ils disparurent à cause des combats ou des maladies à peine 70 ans après l’arrivée des espagnols…

La cité perdue fut découverte par hasard par un groupe de chasseurs d’or en 1972. Ils pillèrent tous les trésors qu’ils y trouvèrent et commencèrent à se battre entre eux, jusqu’à ce que l’un d’entre eux dénonce la découverte au gouvernement colombien. Depuis, des recherches archéologiques ont eu lieu sur le site, mais elles sont aujourd’hui quasiment abandonnées. Pourtant, de nombreux mystères restent à éclaircir, comme celui de la construction de la cité et l’approvisionnement en pierres.

Une grande pierre gravée semble être une carte du réseau des villages tayronas, et suggère l’existence d’autres cités dans les alentours qui n’ont pas été découvertes.

Une mystérieuse carte du monde tayrona,
commentée par notre guide Jonatan.

Nous avons continué à monter les terrasses jusqu’à arriver à l’escalier de la cité royale, séparé en trois voies : au milieu, la voie pour la famille royale, à droite celle pour les gens qui montent et à gauche pour ceux qui descendent. C’était bien organisé !

On monte dans la cité en découvrant sans cesse de nouvelles terrasses.
Le décor aurait inspiré Miyazaki.
L'escalier royal. Les rois devaient avoir les jambes solides.

En haut, les terrasses s’élèvent au dessus de la végétation. La vue est sublime sur les montagnes, la forêt, une cascade un peu plus haut… On a l’impression de dominer le monde. Et on se rend compte que l'on est vraiment perdus au milieu de la nature ! Une grande terrasse servait pour les cérémonies, au bout de laquelle se trouve le trône du roi.


On arrive à la cité royale.
La végétation s'éclaircit et on aperçoit enfin le ciel !
Il y a une cascade dans les montagnes, au loin.
La terrasse qui servait aux cérémonies (et sacrifices ?).
Le trône du roi !
La terrasse surplombe toute la forêt alentour, quelle vue incroyable !
Jonatan a trouvé un nouveau serpent.
Une couleuvre, mais celle-ci est inoffensive !
Et voici les terrasses les plus hautes ! Au sommet se trouve le camp militaire.
Une vue un peu plus large. On papote en profitant de la magie du lieu !
Et en montant encore un peu, voilà ce que ça donne !
(cf photo de la chambre d'hôtel dans l'article précédent ;) )
En arrivant près du camp militaire, on rencontre Billie le chat des militaires !
On n'a pas le droit de monter plus haut,
mais qu'est ce qu'on est contents d'être arrivés jusque là !

Nous sommes restés une bonne heure à vagabonder sur ces grandes terrasses, en prenant plein de photos souvenirs. Ensuite, il a fallu prendre le chemin du retour, car une longue marche nous attendait encore. Ciudad perdida, adiós !


Nous sommes revenus au campement chercher nos affaires, puis le reste de la journée a consisté à refaire le chemin jusqu’au second campement. J’étais malade donc j’ai ralenti le rythme ce jour là. Les guides étaient vraiment adorables et m’ont offert des boissons énergisantes pour me doper ! Il a commencé à pleuvoir et nous sommes arrivés mouillés en fin d’après-midi au deuxième campement.

Une dernière photo de ruisseau pour la route...

Jour 5

Le dernier jour, le plus long et le plus difficile ! Malgré la fatigue accumulée dans nos muscles et articulations ces quatre derniers jours, il a fallu refaire le chemin inverse du premier et deuxième jour. Au programme notamment, deux très belles montées de 45 min chacune, et la longue descente finale qui a achevé mes genoux et mes chevilles ! J’étais vraiment claquée quand je suis revenue après sept heures de marche au petit village d’El Mamey, mais enchantée d’avoir fait le chemin jusqu’au bout et vu tous ces paysages magnifiques.

Nous avons fêté notre retour et l’anniversaire d’un gars de la troupe (au champagne s’il vous plait !), chacun a dit un petit mot sur le trek et tout le monde a salué l’attention des guides tout au long de l’aventure et l’excellente cuisine qu’on nous a servie !
La fin de l’aventure sonnait déjà, et nous sommes remontés dans les jeeps en direction de Santa Marta.


Taganga

Ce soir-là, j’ai récupéré mes affaires à l’hôtel puis je suis partie à Taganga, un petit port près de Santa Marta (3 000 habitants) réputé pour être un lieu de farniente et de fête. Honnêtement, l’ambiance y était super, tellement simple et tranquille, avec plein de bars et de restaurants ouverts et la musique salsa qui résonnait dans tout le village !

J’y suis restée jusqu’au lendemain, mon dernier jour de vacances. J’en ai profité jusqu’au bout pour me balader, me baigner (jusqu’aux genoux !), bouquiner tranquillement sur la plage et déguster de la bonne nourriture et des jus de fruits frais. Comme c’était un jour férié (fête de l’immaculée conception), il y avait plein de monde à la plage !

Une petite rue typique de Taganga, il n'y a que des bars/restaurants.
Vous prendrez bien un peu d'huile de requin ?
11h, les rues sont désertes... mais où sont donc les gens ?
Au bord de la plage pardi ! A moins qu'ils ne se reposent de la fiesta de la veille...
Un petit port de plaisance.
Un peu plus loin sur la plage, les familles profitent du jour férié pour aller se baigner.
Comme en France, les enfants font des pâtés !
Le ciel commence à s'assombrir dangereusement.

Vers 15h malheureusement, j’ai du dire au revoir à mes charmants camarades d’aventure (qui restaient tous en vacances, les veinards !) pour repartir à l’aéroport, direction Bogota !
J’ai eu le temps de prendre quelques photos des abords de l’aéroport. Ca change de Roissy Charles de Gaulle. Plutôt sympa non ?

Pour une fois, il n'est pas trop désagréable de devoir attendre son avion !
La plage... à 200m de l'aéroport ! 

J’ai vraiment passé de supers vacances. Je n'ai pas vu le temps passé, c’était tellement dynamique ! J’ai adoré l’ambiance détendue de la côte, la gentillesse et familiarité des gens (même le chauffeur de taxi tapait la discute !), le soleil et la chaleur, les magnifiques paysages des bords de mer qui ne sont certes plus très sauvages, mais pas non plus ravagés par le tourisme de masse.
Le trek a été super intense mais j’avais bien besoin de cette bouffée d’oxygène là, et j’y ai rencontré des gens absolument super et intéressants. Le seul regret de ces vacances en fait, c’est de ne pas avoir eu plus de temps pour découvrir des endroits plus reculés et sauvages, et visiter la jolie ville de Cartagena un peu plus loin sur la côte. Une prochaine fois, j'espère !


Retour en Colombie

Après cinq semaines de repos bien mérité en Bretagne, je repars à Bogota mardi prochain (le 17 janvier). Mes cours à l'université reprennent une semaine plus tard, ce qui devrait me laisser le temps de trouver un appartement ! Je vous tiendrai évidemment au courant de la suite des aventures !