dimanche 13 mai 2012

Semana Santa - Cartagena de las Indias


Jour 5 (Mercredi) : En transit


C'est pas le tout d'arriver à Mompos, il faut aussi trouver le moyen d'en repartir ! Et évidemment, il n'y a pas de terminal de bus qui propose des trajets directs vers Cartagena, ce serait trop facile ! Milena ayant décidé de se rendre également à Cartagena, on s'est renseignées ensemble sur la meilleure route à prendre.

L'option la plus économique consiste à se rendre à Magangué, une ville à peu près équivalente à El Banco mais à l'ouest de Mompos (de l'autre côté). Depuis Magangué, on trouve facilement des bus qui vont à Cartagena.
Pour se rendre à Magangué, il faut prendre un bateau qui traverse le fleuve depuis un petit port nommé Bodega.
Et pour se rendre à Bodega, on choisit de faire confiance à Milena qui a décidé "qu'elle voulait absolument y aller en mototaxi !!". Ok, pourquoi pas ! D'ailleurs j'étais jamais monté sur un deux-roues de ma vie donc c'était l'occasion de tester, même si je trouvais l'idée un peu flippante.

On est parties en fin de matinée, après que j'ai passé une bonne demi-heure avant de réussir à fermer mon sac. L'avantage de voyager avec un sac aussi petit que le mien, c'est que ça rend super admiratifs tous les backpackers que je croise sur le chemin, mais quand il s'agit de réussir à caser tout mon bazar dans ledit sac, ça s'apparente vite à un problème d'optimisation qui dépasse mes compétences !

Bref, nous voici parties sur les motos pour un trajet d'une bonne demi-heure, pas super agréable en ce qui me concerne. J'avais mon sac sur les épaules qui pesait lourd au bout d'un moment, je me prenais plein de poussière dans les yeux parce que j'étais stressée et je m'obstinais à regarder la route et bien sûr j'avais pas pensé à prendre mes lunettes de soleil, et puis le soleil a commencé à taper et j'avais pas eu le temps de mettre de la crème... Mais bon, c'était quand même sympa et insolite de se retrouver sur ces routes pleines de poules, d'ânes, de chiens et d'autres motos qui klaxonnent, en traversant des jolis petits villages perdus dans la cambrousse où les enfants font coucou quand on passe !

A Bodega, on n'a pas eu de mal à trouver un bateau et la traversée a été rapide et agréable.

Pleins de petits drapeaux colombiens partout !
L'armée est présente même dans les coins les plus paumés du pays.
L'embarcadère qui m'a rappelé des souvenirs d'Amazonie...

On est arrivées en début d'après-midi à Magangué et à peine sorties du bateau, un gars nous a abordées pour nous proposer un trajet vers Cartagena. Facile !
Par contre il a fallu attendre que d'autres bateaux arrivent pour remplir le bus. Et pendant ce temps-là, on s'est baladé le long des quais en cherchant des trucs normaux à manger (pas trouvé) et en faisant connaissance avec la population locale. Les gens étaient un peu bizarres et ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée dans une situation où je ne comprenais RIEN à ce qu'on me disait. L'accent de la campagne colombienne, ça tue ! Et certains gars ont cette particularité bizarre et énervante de ne pas prononcer les "s", ce qui donne des phrases du genre "etoy bucando el bu para Mompo". Gné ?

On a bien attendu deux heures à Magangué, c'était un peu long, mais sur le coup des quatre heures on est enfin parties dans un petit bus confortable et over-climatisé (si besoin est de le préciser) pour Cartagena !
Et pour vous mettre bien dans l'ambiance des bus colombiens, je ne peux que vous conseiller de vous brancher sur Radio Vallenato pour lire la suite de cet article ! Les amateurs d'accordéon seront comblés et les hispanophones les plus sensibles se sentiront très émus par les paroles tragico-romantiques de ce genre musical hyper populaire en Colombie !

Les quais de Magangué sont pleins de petits stands
qui vendent des trucs bizarres à manger.
A droite, vous pouvez déguster un bon jus d'orange pressé.
Des bateaux qui doivent servir à transporter des marchandises.
Je m'ennuyais donc j'ai continué à prendre des photos.
Ce mec m'a harcelé pendant 5 minutes pour que je le prenne en photo !
Une jolie église découverte en marchant un peu.

Le trajet vers Cartagena a duré plus de trois heures avec des petites pauses sur le bord de la route de temps en temps, notamment pour se restaurer à un petit stand qui vendait, je cite : "de la viande et du fromage" dans une boite en plastique à emporter ! L'équivalent des aires d'autoroute en Colombie !
Dans un registre bien plus triste, on a croisé un bus accidenté qui avait glissé sur la route humide dans un virage... Il faut dire que les conducteurs vont très vite et que les bus ne sont pas forcément en bon état.

Le bus m'a laissée devant mon hostel à Cartagena, le Media Luna. Officiellement, le plus grand hostel de Cartagena avec une piscine et des palmiers et plein de gens trop cools pour faire la fête. En fait, c'était juste une grosse usine à gringos avec les meufs qui font bronzette en bikini en parlant avec cet affreux accent américain qui te donne envie de les baffer, personne qui te répond quand tu dis "hola" (ça dépasse leurs limites d'apprentissage des langues étrangères) et les sanitaires dégueus en plus. Allez, le lit était confortable !

J'ai retrouvé Milena pour aller manger un sandwich et marcher un peu dans le quartier de Getsemani, un vieux quartier de Cartagena mal fréquenté il y a encore pas si longtemps et où se trouvent aujourd'hui tous les hôtels pas chers de la ville et plein de cafés/restaurants qui proposent des breakfasts à l'américaine.
Mon premier aperçu de la ville m'a agréablement surprise. On dirait une station balnéaire espagnole, tout est beau, propre, moderne, très différent du reste du pays.

Statues de Pégase.
La mer !!
Mes retrouvailles avec la mer ont été émouvantes, quel plaisir d'aller tremper mes pieds dans les petites vagues au bord de l'eau !
Ensuite, on est retournées chacune à nos hostels respectifs. J'avais envie de me reposer pour être en pleine forme pour la longue journée de marche dans la ville qui m'attendait le lendemain.



Jour 6 (Jeudi) : En mode touriste


A la découverte de Cartagena, donc, cette ville dont on m'avait tant vanté la beauté !

Fondée en 1533 par les conquistadors espagnols dans une baie de la côte caraïbe, la ville de Cartagena de las Indias a été pendant plusieurs siècles un des ports les plus importants d'Amérique du Sud. Très vite, elle a prospéré grâce au commerce des richesses pillées dans les villages indigènes puis au commerce des esclaves amenés d'Afrique.
Jusqu'à la fin du 18e siècle, elle a été prise d'assauts de très nombreuses fois par des pirates anglais, hollandais ou français (certains venant de Brest !). Pour faire face aux attaquants, le roi d'Espagne ordonna la construction de grandes murailles (11km !) et d'un fort qui en firent la ville coloniale la mieux protégée d'Amérique.
L'assaut le plus impressionnant a été donné en 1741 par 186 navires britanniques menés par le pirate Edward Vernon. Il s'agirait de la plus grande flotte réunie jusqu'alors, avec près de 25 000 combattants. Cependant, elle fut sévèrement repoussée par les quelques 3 000 soldats espagnols et leurs 6 navires, apparemment bien décidés à protéger leur cité coûte que coûte !

Le blason de la ville
Cartagena fut l'une des premières villes à déclarer son indépendance (un an après Mompós) et du se défendre férocement contre les attaques de l'armée espagnole. Simon Bolivar octroya à la ville le surnom de "Ciudad Heroica" (ville héroïque) en l'honneur de la résistance de ses habitants.

Aujourd'hui, la ville est classée au patrimoine de l'humanité de l'Unesco pour son éblouissante architecture coloniale et militaire et est devenue la principale attraction touristique de Colombie.
C'est la cinquième ville la plus peuplée du pays avec près d'un million d'habitants et la température moyenne est de 28°C.



Jeudi matin, toujours pas de soleil dans le ciel, encore un peu de répit pour mes épaules...
Et c'est ainsi que, une semaine avant Barack Obama, je me suis élancée dans les rues de Cartagena avec mon appareil photo armé et mon guide touristique à la main ! (Oui, Barack y était la semaine suivante pour le Sommet des Amériques).


Mon hostel, c'est un peu le club Med pour les routards !
Getsemani, c'est toujours plus ou moins bien fréquenté...


Je me suis d'abord arrêtée au bout de la rue pour boire un jus de guanabana ouvert et pressé devant mes yeux avant de tomber un peu plus loin sur le premier monument de la journée : la statue de l'India Catalina, belle indigène capturée par le fondateur de la ville pour lui servir de guide et interprète.

Après avoir attendu 10 min que tout le monde arrête de poser devant...

Puis déjà, j'ai commencé à m'aventurer dans les rues du centre historique de la ville, à la recherche d'un restaurant indiqué par le Petit Futé.

Le premier joli bâtiment... ce devait être une église.
Une jolie petite place où je me suis arrêtée pour demander le chemin à des policiers.
J'adore ces balcons en bois qui font le tour de la maison !
Et ces couleurs !
Et ces palmiers !

J'ai été totalement époustouflée par la beauté de la ville, ses superbes maisons pleines de couleurs, ses rues étroites et propres et ses policiers super serviables. Avant de continuer la marche, je me suis arrêtée au "Bistrot" un restaurant tenu par deux allemands où j'ai renoué avec la bonne cuisine en dégustant un saumon et du riz à la noix de coco (une spécialité) dé-li-ci-eux avec une limonade de coco tout aussi incroyable, et pourtant j'aime pas trop la noix de coco ! De très loin mon meilleur repas des vacances...

La photo est floue parce que j'avais tellement faim
que j'ai pas pris le temps de faire la mise au point !
La limonade servie dans une chope à bière !

Par contre, j'ai un peu halluciné en voyant l'addition, les tarifs à Cartagena sont incroyablement chers ! Comme il me manquait de l'argent j'ai du repartir à l'hostel puis revenir, j'ai pris un autre chemin plus direct et fait quelques jolies découvertes au passage :

La "Torre del Reloj" (Tour de l'Horloge).

En passant le porche de la Tour de l'Horloge, on arrive sur la Plaza de los Coches (Place des coches) qui servait autrefois de marché aux esclaves. Sous les arcades, plein de petits vendeurs proposent des gâteaux traditionnels à la noix de coco, ça s'appelle El Portal de los Dulces (le portail des douceurs). 

La Plaza de los Coches avec une statue du fondateur de la ville, Pedro de Heredia.
Et voilà donc les coches qui attendent en file indienne.
La Plaza de la Aduana (Place de la douane), où se trouvent les banques !

Il y a un détail dont je n'ai pas parlé, mais qui revêt de l'importance vu le degré d'énervement qu'il m'a provoqué à certains moments de la journée, c'est les lamentables techniques de drague des costeños...
J'avais déjà remarqué à Santa Marta qu'ils étaient un peu relous, mais là pas moyen de croiser un individu de sexe masculin âgé de 15 à 99 ans sans se farcir tout le champ lexical des adjectifs neuneus finissant par "a" : bella, linda, preciosa, bonita, deliciosa et j'en passe des vertes et des pas mûres, avec le petit regard de loveur et la voix mielleuse qui vont bien... Mais le top c'est quand même le "psssst" du mec qui croit que tu l'as pas vu et qui insiste bien deux ou trois fois ! Voire les gars qui te sortent les trois mots qu'ils connaissent en anglais parce qu'évidemment j'avais un bon look de touriste. Bref, ça m'a un peu (beaucoup) exaspérée à la longue et je préférais changer de trottoir plutôt que croiser un groupe de latinos qui bavent en regardant passer les petites occidentales.

Sur ce, on continue la visite :

Si vous cherchez un tableau de Botero pas cher, c'est là !
Sur la Plaza Bolivar on trouve une grande statue montée de Simon Bolivar avec ces paroles gravées : "Si Caracas me dio vida, vosotros me disteis gloria" ("Si Caracas m'a donné la vie, vous m'avez donné la gloire"). C'est quasiment la même phrase qu'à Mompós, il était pas très inspiré ce Bolivar !

Joli chapeau.
Les dames tout en couleur proposent des salades de fruits.
La façade de la cathédrale à gauche.
La Catedral Santa Catalina.

Au début, je voulais à tout prix prendre des photos quand les coches passaient, pour le côté un peu rétro. J'ai vite réalisé que ce ne serait pas un problème car il y en a partout dans la ville, un peu comme les taxis à Bogotá, le charme en plus !






Après avoir traversé la vieille ville qui n'est pas très grande, je suis arrivée près des murailles sur lesquelles on peut monter pour se balader en regardant la mer.

Montée sur les remparts.
Le ciel était menaçant, mais il n'a pas plu.
La preuve que j'y étais !
Côté ville avec les petits jardins.
De l'autre côté des remparts :
un terrain de foot désaffecté, la rocade et loin derrière le quartier des affaires. 

D'un coup, j'étais en manque de jolies maisons colorées donc je suis repartie me balader dans la ville.

Moi qui voulais de la couleur...
Une jolie petite église,
et  notez que les gens aussi s'habillent de manière bien colorée !

La maison couleur chocolat, miam !

Une petite place entourée de restaurants.
J'en connais qui vont s'extasier sur la glycine.

Le centre de la ville est vraiment très riche et on trouve des magasins de luxe comme je n'avais vu nulle part ailleurs en Colombie. Je suis rentrée dans deux-trois boutiques de vêtements ou d'artisanat qui proposent de très beaux articles, mais les prix étaient vraiment beaucoup trop chers.
L'apparente richesse de la ville est trompeuse car Cartagena est la ville la plus pauvre de Colombie. On m'a dit que les faubourgs de la ville sont vraiment misérables et craignos, encore un contraste assez effarant...

A l'intérieur de ce joli bâtiment, plein de magasins d'art ou artisanat.
C'est écrit dessus :
cette maison a été construite par un architecte français !

En retournant sur la Plaza de los Coches je suis tombée sur un joli spectacle de rue de danse caribéenne ! Avec des danseurs et danseuses pleins d'énergie qui sautaient dans tous les sens en chantant, c'était super. J'avais pris des vidéos mais j'arrive pas à les publier, il faudra donc se contenter des photos...

Une danse TRES tonique où ils remuent de partout !
Danse plus calme avec un panier sur la tête.
Ils étaient déguisés en paysans et leur chanson parlait de fruits et légumes je crois.
Encore une danse super dynamique !

Je suis bien restée une demi-heure à les regarder danser car ils changeaient de tenue et de style de danse tout le temps, c'était vraiment agréable à regarder. Quand la nuit est tombée je suis partie dans la vieille ville car je croyais qu'il y avait une procession qui partait de la cathédrale. Il n'y en a pas eu finalement mais j'ai quand même fait un tour à l'intérieur de la cathédrale pour voir les décorations.

La nuit tombe.
Un autel illuminé et fleuri à l'intérieur de la cathédrale.
Les gens se recueillent et prient.
Le choeur de la cathédrale tout en marbre et dorures.

Ensuite, j'ai traîné un peu dans les jolies rues toujours remplies de monde et bien animées pour profiter de l'ambiance festive, mais je dois admettre que j'étais un peu crevée après avoir marché toute la journée. Je n'ai pas tardé à rentrer à l'hostel en jetant au passage un coup d'oeil aux belles illuminations sur les monuments de la ville. 

L'église Santo Domingo.

Ainsi s'achève le récit de cette jolie journée à Cartagena, sans aucun doute la plus belle ville que j'ai visitée en Colombie. Mon long périple en bus depuis Bogotá en valait la peine, ouf !


A venir, le récit de ma découverte de San Andrés, petit coin de paradis au milieu des caraïbes...

3 commentaires:

  1. Super la radio Vallenato FM !!!

    On l'a mise dans nos favoris et maintenant on l'écoutera tous les jours en faisant de l'ordinateur...

    Avec les photos, et le texte très vivant cela nous met dans l'ambiance.

    C'est incroyable les contrastes entre les endroits pauvres et les églises ou la station balnéaire.

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  2. A part la superbe musique, j'ai vraiment apprécié ta vidéo sur la procession et les chants religieux.
    As-tu visité l'intérieur des églises ? Est-ce aussi beau que l'extérieur ?
    Bisous

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  3. Tout ça me donne très envie d'aller du côté de l'Amérique du Sud ! Les moyens de transports ont l'air très sympa aussi ^^

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